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Invitation au voyage

Où l'on ne parle que de toit

20 Mars 2010 , Rédigé par Bertrand Publié dans #Terremoto 2010

Depuis les séismes qui ont durement frappé le coeur géographique du Chili, sur une longueur de plus de 500 kilomètres, le thème du logement est revenu en force dans les conversations et le débat public.

Avant toute chose, il faut rappeller qu’avant les séismes, il y avait DEJA un problème de logement au Chili (d’ailleurs ces séismes n’ont fait que remettre au goût -amer- du jour des problèmes non résolus dans le pays : logement, éducation, santé, travail, répartition des richesse, etc.).

D’ailleurs, ce problème de logement étaít si important que durant la campagne présidentielle, les deux principaux candidats avaient choisi comme chef de campagne des anciens responsables de l’association « Un techo para Chili » (un toit pour le Chili), association créée il y a dix ans et qui avait pour but d’erradiquer pour 2010 tous les campamiento (sorte de bidonvilles à la chiliennes).

Ironie du sort, c’est justement l’année "objectif" que cette association s'était fixée que choisi le Destin pour faire trembler la terre et démolir le logement de plus d’un million de Chiliens. Patatras, tout est à refaire.

Cette association avait d’ailleurs concu une maison en kit, basique, aux coûts de fabrication et d’installation optimisés, mais répondant aux besoins indispensables d’une famille : un toit, un lieu fermé, sain, avec eau courante et sanitaires, d’une taille « éthique », solide et jolie.

Mais depuis les séismes, le peuple chilien a pu découvrir qu’il existe de part le monde, de nombreux modèles de maisons en kit, de maison d’urgence, de maisons préfabriquées. Ils ont même découvert que dans leur propre pays, à Colina, un maire avait fait construire 1200 logements en kit [selon un technique suédoise (à confirmer), jolis, antisismiques (si môssieur !) etc] pour répondre aux besoins en logement social sur sa commune.

Pourquoi tant de modèles ?

Parce que selon le climat local, selon le type de terrain, selon également la culture du pays, il vaut mieux des maisons plus chaudes, ou plus volumineuses ou plus lègères, etc.

Mais le thème principal ces jours-ci au Chili concernant ces maisons, c’est le prix.

Parce qu’il est urgent, indispensable et nécessaire de reloger au moins 120 000 familles.

Et que selon le prix unitaire de chaque maison en kit vite installée, le coût total pour 120 000 unités risque d'être plus ou moins salé et qu’actuellemenmt le grand sujet tabou est de savoir : qui va payer ?

Il n’est pas certain que le gouvernement paye pour tout le monde.

Il n’est pas certain que les assurances payent non plus, pas plus que les communes.

Et la plupart des familles sinistrées n’auront pas les moyens, pas même pour la plus basique des maisons en kit.

Pourtant certains se rebellent et exigent des pouvoirs publics de répondre vite et biens aux besoins des sinistrés. Ainsi ce maire qui a refusé d’emblée les maisons en bois proposées, parce qu’il craint que ces petites maisons de fortunes provisoirement édifiées pour ses sinistrés se transforment en logements définitifs alors qu’ils ne sont que provisoires (y compris dans leur conception et leur qualité).

Et je ne vous parle ici que des sinistrés qui disposaient d’une maison individuelle.

Car en terme de logement, se pose bien sûr la question du relogement des sinistrés qui vivaient en logement colectifs, du type immeubles, tours, résidences etc. Et qui ont dû évacuer les lieux. Pour eux pas de cabane en bois ou de maison en kit en lieu et place de leur logement.

Et je ne vous parle pas non plus de ceux dont la maison se situait en bord d’océan ou en zone inondable et à qui il faudrait (inter)dire de recontruire au même endroit (ailleurs).. oui, mais où ?

Tout ca parce que le Chili redécouvre le rêve d’être propriétaire depuis une dizaine d’années et que la construction de grands ensembles a représenté le symbole du développement économique et de la modernisation de tout le pays.

Mais à quel prix ?

Combien sont-ils à avoir perdu leur logement sans même avoir fini de payer leur crédit ?

Combien sont-ils à avoir perdu le seul bien qu’ils possédaient ?

Combien sont-ils à avoir bien lu leur contrat d’assurance ou même à avoir simplement contracté une assurance ?

En France, on a l’habitude de dire « quand le bâtiment va, tout va ! ».
Mais la France n’est ni un pays émergent, ni une zone sismique.

Et la France dispose de lois sur les assurances et les indemnités en cas de catastrophe naturelle qui sont autrement plus importantes qu'au Chili.

Le Chili a donc aujourd'hui l’occasion de reposer les questions qui fâchent en matière de logement :

-         redéfinir les normes sismiques de construction

-         redéfinir les normes et loi en matière de logement social

-         redéfinir ce qui serait un droit au logement

-         redéfinir les lois de constructions : hauteur des édifices et localisation ds constructions

Une fois encore, il a fallu attendre qu’il soit trop tard, une catastrophe de cette ampleur, pour que l’on se rende compte des abus des constructeurs, des assureurs, des promoteurs immobilier, mais aussi des insuffisances des pouvoirs publics et du manque de prévention et d’anticipation général de l'ensemble des acteurs du  secteur du logement.

A l’image de son attitude politique et sociale au lendemain des séismes, le Chili ne mérite pas son entrée récente dans l’OCDE, ni son image de pays émergent modèle, mais représente davantage un exemple type de plus de la perversité du système économique ultralibéral.

La loi du plus riche ou du plus fort s’accomode mal éthiquement et socialement des secousses sismiques.

 

PS : je lis ce matin dans le journal Sud-Ouest que 30000 logements de la région du sud ouest seraient en situation de fort risque ? Il semble que l’appêtit des constructeurs et des banques à crédit sévissent au dela des frontières du raisonnable là-bas aussi.

NB : vous pouvez retrouver tous les articles de ce blog sur le thème du terrible tremblement de terre du 27 février 2010 dans la nouvelle catégorie "Terremoto 2010" créée pour l'occasion :  
http://bertrand-bertrand.over-blog.com/categorie-11397731.html

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M
<br /> Merci de continuer à diffuser de l'information sur mon blog. J'apprends beaucoup en venant lire ici et ma conscience reste éveillée... ça, oui, bien éveillée.<br /> <br /> <br />
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B
<br /> <br /> @Madame Kevin<br /> Y a pas de quoi::: Faut aussi se serrer les coudes virtuels...<br /> Pince moi je rêve... Pince moi plus fort...<br /> <br /> <br /> <br />