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Invitation au voyage

Che peur !

25 Mai 2008 , Rédigé par Bertrand Publié dans #Idées et prises de tête

Passer d'un livre à l'autre n'est pas aisé.
Surtout lorsqu'on vient d'achever un livre biographique fort.
Ca laisse des traces.
Et puis, se plonger dans un autre ouvrage demande aussi du courage,
surtout lorqu'il s'intitule "La peur en Occident".
La peur me fascine, parce qu'elle décide souvent à notre place, ce qui n'est pas forcément une mauvaise chose, puisque naturelle, la peur est en nous pour nous protéger du danger.
Le Che avait-il peur ?
Benicio del Toro avait-il peur en jouant le Che ?
Le président du jury du festival de Cannes, Sean Penn, 
avait-il peur en décernant le prix d'interprétation masculine
à Benicio del Toro ?
Tout cela n'est brassage de l'air qui nous entoure.
Ici, au Chili, on n'est bien loin du Che.
On continue de glorifier Augusto Pinochet pour avoir su faire barrage au communisme.
On continue de dire que le voyage officiel d'un mois de Fidel Castro au Chili après l'élection d'Allende fut trop long.
On oublie un peu vite que ce sont surtout des Chiliens qui sont allés aider Castro et les cubains à instaurer une nouvelle gestion du pays après la déroute de Batista.
On oublie un peu vite que c'est par l'entremise du président du Sénat, Allende,
que les "survivant du Che", sortis avec miracle du piège bolivien,
ont pu regagner Cuba.
On oublie un peu vite que le Chili a été le seul pays dans le monde à élire un président socialiste progressiste qui avait choisi la voie politique et pacifique
plutôt que le armes.
On oublie un peu vite aussi que Néruda n'aimait pas Guevara.
On oublie tout un peu vite, parce que tirer le rideau est plus facile pour vivre
que de se poser perpétuellement des questions.
Et parfois. il y a quelqu'un qui trouve l'interrupteur.
Mais pas toujours.
Pas souvent.
Lire la biographie d'un personnage important, Napòléon, Jules César, le Che,
Jean Moulin, Voltaire, Jules Verne, Victor Hugo, Simon Bolivar,
Wolfgang Amadeus Mozart... permet de se dédouaner de ne rien faire, parce qu'on se sent, à côté de ces illustres personnages, nul, bon à rien, fainéant,
sans talent ni don, minable, petit, inutile.
La messe est dite, on ne sortira pas de la masse des anonymes,
le Panthéon n'est pas pour nous.
Les salons dorés de la renommés resteront vides face à nos glorieux efforts
pour survivre dans un monde malgré tout injuste et cruel.
Mais tous ces personnages aspiraient-ils à la renommée ?
au pouvoir ? à l'ambition ?
Pff, qu'importe.
Le monde du consumérisme aujourd'hui broie ces personnages pour en faire
de la poussière d'or qu'il revend à prix d'or (forcément) sous toute ses formes : livres, films, disques, poster, montre, porte-clés, tee-shirt...
Sans se soucier des idées qui animaient ces gens.
Une question restera sans réponse en ce dimanche :
- que peuvent bien penser les frères Castro (Fidel et Raul) d'un prix d'interprétation au prestigieux festival de Cannes pour un acteur né à Puerto Rico pour son rôle titre de Che Guevara ?
Et tandis que l'on apprend la mort du chef des Farc,
on se dit que décidément, le monde piétine.
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