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Invitation au voyage

Noir c'est noir

20 Octobre 2008 , Rédigé par Bertrand Publié dans #Livres - littératures et cinéma

La lecture de "La Tâche" de Philip Roth fut pour moi un grand moment.
Je découvrais à la fois un grand écrivain (sur lequel j'ai parié gros pour le prix Nobel qu'il aura sans doute quand Obama sera président.), et aussi le fait que les Américains eux-mêmes pouvaient avoir une vision à la fois critique et juste de leur société.
Il m'aura fallu plus de trois ans en dehors de l'Europe pour véritablement prendre la mesure de ce que l'on pourrait appeler une culture européenne et me rendre aussi compte qu'il y a une culture américaine (du continent).
J'ai cru, à tort, durant un certain temps, que le Chili en général et Valparaiso en particulier, étaient d'inspiration et de culture européennes, mais je me trompais. Nous sommes en Amérique.
Toc toc, entrez !
Mais je ne vais pas faire ici le cours de comparaison entre deux monde que plus qu'un océan sépare.
"La Tâche" de Philip Roth raconte l'histoire d'un homme d'origine noire aux USA qui au moment de s'inscrire à l'armée, coche la case "race blanche" parce qu'en apparence, son physique de trahit en rien ses origines afroaméricaines.
Un livre fascinant et splendide sur cette Amérique que les medias et les modes ne nous montrent pas, ne nous expliquent pas, où le racisme, et donc la crise identitaire construit tous les jours une société biaisée parce que dans le mensonge, l'hypocrisie, la discrimination feutrée, au sein même de cette société qui promeut les mélanges, la liberté et le melting pot.
L'ouvrage complète une trilogie avec "Mon père ce communiste" et "la pastorale américaine", deux autres ouvrages où le géni de Philip Roth est de brosser une vision juste et critique de son pays au travers du prisme de vies de familles et de personnages des plus crédibles.
Le héros de "La Tâche", ce pourrait être Colin Powell, celui-là même qui a décidé ouvertement de se déclarer en faveur de la candidatre d'Obama.
Celui-là même qui lut un très gros mensonge au Conseil de sécurité de l'ONU pour convaincre la prestigieuse assemblée d'aller se battre en Irak.
Celui-là même qui finit par renoncer, accablé par l'imcompétence et l'hypocrisie qui l'entourait aux plus hautes sphères du pouvoir. Mais aussi celui qui montra aux Américains que l'on pouvait être noir, intelligent, en haut du pouvoir et aussi dire merde à tout le monde sans se faire traiter de sale nègre.
On pourrait songer que son raliement à Obama est racial, mais il n'en est rien, il est d'abord politique et idéologique. Et c'est justement ce que défend aussi Roth dans son ouvrage, la difficulté que nous avons à nous départir de la dimension couleur de peau" dans nos appréciations.
Powell choisit le changement, celui-là même qu'il ne parvint pas à réaliser.
Powell choisit la jeunesse, qu'il a lui même incarnée.
Powell choisit la modernité et le centrisme, en pleine période de radicalisme mondial.
Powell choisit de changer lui, pour changer les autres ensuite et non pas le contraire.
Powell, qui a dû avaler plus de couleuvres dans sa trajectoire militaire et politique que n'importe quelle famille de mangoustes, sait ce qu'il en coûte de choisir l'immobilisme et le silence.
Obama n'est pas encore président, mais avoir su rallier Powell à sa cause est une belle victoire personnelle.

Tout ca me rappelle également la série "24 heures chrono", série qui vit l'émergence du super héros basique Jack Bauer qui, en 24 heures, réussit à sauver l'Amérique (donc le monde) et sa famille (et surtout son couple), avec seulement une grosse bagnole, un téléphone portable et une grosse paire de couilles.
Souvenez-vous que les premiers épisodes traitaient de sauver d'un attentat un candidat noir à l'investiture pour la campagne présidentielle... 
Prémonitoire la série ?
En attendant de le savoir, je vous invite à lire "la Tâche"...

Ici, au Chili, vu qu'il appelle (gentiment) "negro" tout ce qui a la peau sombre... c'est pas demain qu'on aura un noir possible président.. Mais bon, n'oublions pas que le Chili a été le premier pays américain à élire une femme présidente... Quand ces imbéciles de franchouillards, au lieu d'élire une femme, ont élu (prémonitoirement ?) celui qui va sauver le monde demain, et pas seulement grace à sa jolie montre ou à sa jolie femme...
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A
Très bien écrit, Bertrand, je vais lire le livre !
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G
Fais attention, celui qui a eu le prix Nobel est mon héroe de toujours, "mon" plus grand écrivain de ce siècle, un génie, un grand, presque un Dieu vivant que je vénère depuis ma tendre adolescence !! Bises
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