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Invitation au voyage

Laisser le temps al tiempo

15 Janvier 2008 , Rédigé par Bertrand Publié dans #Phrases à moudre

En ces temps de réforme consitutionnelle (qui montre comment, même en politique, ce que l'on a poliment sorti par la porte revient par la fenêtre) et bouleversements climatiques, et tandis que ma (désormais longue) présence en terres chiliennes m'a permis de sentir la terre bouger, vivre et remuer sous mes pieds, je pense à Francois Mitterrand (ne t'en déplaise Gilles) qui pensait lui-même à Cervantès "Dar tiempo al tiempo".
Gravir une fois l'an la roche de Solutré, comme Sisyphe ou Herzog, marcher et prendre le temps de la réflexion (et non pas courir le footing comme le font certains autres exités du pouvoir).
Moi-même, en ces jours étranges parce que c'est l'été ici avec les idées de grandes vacances, quand on vient juste de ranger les derniers cadeaux de Noël et parce que la frénésie des derniers jours au beau milieu de centaines d'oeuvres d'art débarquées chez moi pour constituer une galerie provisoire m'a ennivré, je prends le temps de faire une pause.
undefined                 "C'est aux pieds du mur que...", Paris, septembre 2007

Je suis peu de chose.
A la fois le centre névralgique de certaines activités para-artistiques dans cette soi-disante fameuse cité portuaire de Valparaiso, et la périphérie d'un activité humaine qui me dépasse.
"Où il est question de place, de sa place, je ferai bien de l'ubiquer"

Il y a 33 mois, j'arrivais ici et je devenais le jouet de lignes hasardeuses ue je m'étais tracées inconsciemment pour ne pas me perdre lorque j'aurais le courage ou plutôt l'insouciance de lâcher le bord.
"Lâche le bord, lâche le bord !"...
Il y a une très belle séquence dans l'inégal film "Paris je t'aime" de cette femme américaine qui découvre, assise sur un banc d'un parc Parisien, l'émotion de trouver l'endroit et de sentir que l'endroit vous accepte.
Moi, je regardai la baie par la fenêtre,
et cela suffit.
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"Laisser du temps au temps".
Méditant librement sur l'ombre de mon nombril,
je me tais, et laisse la parole à Philippe Perrenoud :

" Laisser du temps au temps " : cette formule de Cervantès ("Dar tiempo al tiempo"), reprise par François Mitterrand, proteste contre la violence faite aux processus, qu'ils soient biologiques, psychologiques ou sociaux. Il est absurde de vouloir accélérer un développement, quel qu'il soit, au mépris des lois qui le régissent. Cela ne signifie pas que l'attentisme est une sagesse. Savoir quand il vaut mieux attendre et quand il faut forcer le destin est le dilemme des politiques, des entrepreneurs, mais aussi des éducateurs et de tout " accoucheur " dont l'art est d'accompagner un processus, en le stimulant sans le briser. [...]. Il est parfois " urgent d'attendre " parce que des processus de maturation ou de construction agissent dans l'ombre et qu'il faut les laisser se développer pour intervenir avec succès. On dit volontiers à propos de l'apprentissage de la lecture qu'il est parfois opportun d'attendre que " cela se décroche ".Loin de prêter une pensée magique à ceux qui affichent cette conviction, on leur fera le crédit d'un savoir d'expérience, identifiant les signes discrets d'un processus souterrain, affectif, cognitif, relationnel ou tout cela à la fois, processus qui rendra l'élève disponible pour apprendre, franchir une nouvelle étape. Personne ne dit qu'il est toujours judicieux de ne rien faire."

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