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Invitation au voyage

Persevare diabolicum ?

16 Janvier 2008 , Rédigé par Bertrand Publié dans #Pourquoi Valparaiso

Lu dans Libé :
-
 Et ça vous dérange qu’on vous associe tout le temps à la défonce ? 
- Non. Parler de drogue, c’est toujours mieux que de parler de Sarkozy.
La réponse est signé Daniel Darc, un des derniers artistes francais que j'ai eu la chance de voir sur scène à Paris, il y a déjà presque trois ans.
Et puis ca m'a rappelé un commentaire posté ici il ya quelques jours :
"Bertrand, pourquoi tu parles tant de Sarkozy ... ".
Est-ce que pour moi, parler de Sarkozy serait comme une drogue ?
Un addiction ? 
Une de plus dans cette vie d'expatrié complètement débridée ?
Alors, c'est décidé, demain j'arrête !
Sarkozy a chuté dans les sondages, il est en train de rentrer dans la banalité présidentielle et a confirmé après seulement huit mois en tant que Président toutes les craintes qu'il pouvait susciter auparavant.
Il n'y a plus rien à dire.
En revanche on peut admirer comment Anne Roumanoff le dit avec beaucoup d'humour mais en lui rentrant vraiment dans la  tronche :
http://www.dailymotion.com/cluster/news/video/x3zk2m_anne-roumanoff-alume-sarkozy_news?from=rss
Pour moi, Sarkozy est déjà du passé parce qu'il va enraciner mon pays dans l'obscurantisme pour de longues années, un obscurantisme raciste, discriminatoire, arrogant, cynique, ultralibéral, populiste, lâche, prosélyte, donneur de lecons et de morale chrétienne.
Pour moi, l'avenir de l'Homme est en Amérique.
Il est donc beaucoup plus pertinent de regarder Lula rendre visite à Fidel Castro et par-là même de ne pas oublier combien, malgré le marketing malodorant de l'imagerie du Che partout dans le monde, les Barbudos ont pu influencer le cours de l'Histoire de la seconde moitié du XXe siècle et poursuivre au moins jusqu'en 2008...
Et cela a un secret : la persévérance (la même dont usa sans relâche Sarkozy pour se faire élire président ?).
C'est ce que me disait un artiste il y a quelque jours, lorsqu'il évoquait les trajectoires des grands artistes devenus fameux parce qu'il avaient simplement su persévérer dans leur action et donc enrichir leur talent par le travail, la sincérité, la confiance en soi, etc.
Bon, je m'égare...
Si l'Amérique est l'avenir de l'Homme après en avoir été un rêve d'El Dorado, ce n'est que justice et juste retour des choses.
Il faudrait relire "Les veines ouvertes de l'Amérique latine" de Galeano, tous les livres de Coloane, "Fuegia" d'Eduardo Belgrano Rawson, tout Vargas Llossa et Garcia Marquez, Carlos Fuentes, Asturias et Juan Rulfo...
Il faudrait rendre nos bijoux de familles en argent et en or aux terres d'où ils furent extraits au prix de la sueur, du sang, des larmes et des vies de milliers (millions ?) d'indigènes, d'autochtones, d'Indiens, d'esclaves et de pauvres êtres égarés au mauvais endroit et au mauvais moment.
Comment peut-on continuer de réclamer des remboursements de dettes à des pays que l'on a pillés durant des siècles ? C'est comme faire un hold-up dans sa propre banque avant d'aller ensuite retirer le contenu de son coffre.
Et comment dit-on "le cul entre deux chaises" en espagnol ?
Ca se dit "Chili", parce que ce pays, plus ilien que continental (entre l'océan pacifique et la Cordillère), n'a jamais vraiment reconnu son indigénité (bien qu'une étude récente annonce que 84% des Chiliens auraient du sang indien), ni sa latinité (en dehors de la Sainte église), englué qu'il est dans ses relations (plus commerciales que culturelles) avec les USA ou l'Espagne.
C'est ainsi que le Chili refuse pour le moment de faire partie des pays constituant la nouvelle banque internationnale d'Amérique du sud qui doit contrer la Banque mondiale et le FMI coupables d'être trop Yankee.
C'est ainsi que le Chili ne change pas sa Constitution "made in Pinochet" et continue d'appliquer un politique économique ultralibérale qui enrichit les riches (5% de la population) et endette tous les autres.
C'est ainsi que le Chili peut à la fois afficher des exportations records de son cuivre et de ses produits agricoles (dont les Chiliens eux-mêmes ignorent la qualité faute de la trouver dans leurs boutiques) et se voir envahi (inondé) de tous les produits manufacturés provenant de Chine avec qui il a eu l'inconscience de signer un accord de libre échange.
Et Valparaiso est l'une de ses gueules ouvertes de force par les pognes des gérants des grands négoces chiliens pour le gavage pervers d'un pays qui croit aux mirages de la mondialisation et du développement économique que leur vend si bien les gens soi-disant au pouvoir... parce qu'ils n'ont pas d'autres perspectives plus souriantes.
Et Valparaiso recoit des milliers de containers remplis des milles et une solutions éphémères à la tristesse passagère entretenue par la publicité.
Et Valparaiso redevient ce port qu'elle a toujours été, porte ouverte sur le monde, lieu d'échanges et de va-et-vient permanents, lieu de courants contraires, ce qui rentre, ce qui sort... avec, chose nouvelle, une mécanicisation et une efficacité totale, obtenu avec la généralisation du container et de la grue.
C'en est fini des escales qui durent, les cargos arrivent, chargent et déchargent aussi vite que les marins chanceux qui peuvent aller voir les rares putes qui restent encore dans le vieux et soi-disant patrimonial quartier du port.
Efficacité, rapidité, rentabilité. Amen !
C'en est fini des voyages romantiques à bord des cargos... les escales ne sont que des arrêts pipi au bord des autoroutes.
Mais Valparaiso en redevenant un port industriel, un vrai, accentue la schyzophrénie récente qui l'accable, partagée entre le développement touristique né artificiellement du classement par l'UNESCO d'une partie de son corps malade et un développement portuaire encouragé par les investisseurs patentés.
Valparaiso est-elle une ville touristique ou un port ?
Développer le port industriel, c'est prendre le risque de casser l'image patrimoniale qu'on essaie de nous vendre à grand coup de marketing (intéressé).
Développer le tourisme c'est faire une croix sur des investissements couteux mais nécessaires pour améliorer l'activité du port.
Des grues ou des hôtels ? Des camions ou des bus de touristes ?
Valparaiso n'est ni assez riche, ni assez grande pour avoir les deux...
Il va falloir choisir...
Mais en ce moment, la ville revêt des couleurs inédites sur ses maisons que les propriétaires peignent avec des peintures que lui envieraient les meilleurs coloristes de Wall Dysney. Ils sont en train de fabriquer un Valparaiso de pacotille, artificiel, coloré à la mode Benetton... parce que c'est vendeur...
Alors que l'on dit que les riches n'habitent pas à Valparaiso (lui préférant la Viña del Mar voisine), il s'ouvre un hôtel de luxe tous les deux mois.
Et l'on ne compte plus les incendies qui ravagent régiulièrement les anciens immeubles vétustes que les tremblements de terre, le canal de Panama, l'inertie politique, la pauvreté et les promoteurs poussent depuis un siècle vers les cendres.
Et depuis ma fenêtre, je peux désormais compter 18 nouveaux édifices de plus de 20 étages qui ont poussé depuis ma première arrivée en avril 2005.
Valparaiso se cherche, change beaucoup. 
La mue est actuellement rapide et douloureuse.
Pour le Chili aussi.
Pour l'Amérique aussi.
America America !
Quand tu nous tiens !
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R
et bien ca pas vraiment mis la pêche pour commencer la journée ce billet ... c'est un peu comme lire le Monde Diplo au petit déj...la réalité en pleine face. un abrazo
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B
ouai mais quand ru es vissée par la force des choses dans ce pays, et aussi parce qu'il y a rien à faire, tu en es complètement, même si c'est un pays qui existe de moins en moins, ne reste que l'ermitage, mais iil y a un remords d'abandonner les autres et l'image que tu avais choisie entre de multiples abominables de ce pays
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F
On sent que cet article a été écrit avec une certaine rage. Je l'ai lu sans reprendre mon souffle !
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B
@francisUne rage certaine ou plutôt une certaine rage...Oui, sans doute...Je ne me rends plus compte...Je l'ai juste écrit d'une traite, c'est en fait un premier jet...Il faut que je le relise pour en coprriger les trop nombreuses fautes...