Nous réinventer

A la fin de son ultime allocution (celle du 14 juin 2020), le président Macron à inviter les gens à se réinventer. Quelle splendide invitation que celle-là. J'applaudis.

Les effets de la pandémie, ses répercussions sociales, économiques, politiques et culturelles ne seront pas nécessairement de grande ampleur, au final, mais il y en aura beaucoup. Et c'est davantage la multitude et la somme de tous les microchangements qui fera que le monde changera, davantage que par une volonté universelle de changer le monde, éternelle utopie.

Pour autant, inviter à chacun de nous à se réinventer c'est prendre les devants et garder l'initiative de chacun fasse aux nombreux changements qui se profilent. Il nous faut garder l'initiative de nos vies, notre liberté d'action et de penser. Et, compte tenu des circonstances et de ce qu'il vient de se passer, se réiventer est aussi une forme de changer qui soit positive et constructrice.

L'essentiel est de ne pas revenir en arrière et reproduire les erreurs accumulées mais bien au contraire profiter du bouleversements actuels pour changer les mauvais aspets de nos vies d'avant. Et cela passe avant tout par une autocritique. Qu'ai-je fait qui ne doit plus se poursuivre ?

Il faudrait parvenir à se libérer des choses inutiles, des choses néfastes, des obstacles qui nous empêchent de nous réaliser. ll faudrait pouvoir s'écouter sans forcément écouter les préjugés, les stéreotypes, les pressions sociales ou familiales, les modes ou la propagande consumériste.

Pour tout cela, nous ne partons pas de zéro. 

Manger sainement et de saison en achetant aux producteurs locaux, dans des commeres de proximité -en évitant les grandes chaines de distributions, les produits importés et les plats cuisinés- est un premier choix qui améliorerait la diététique et la santé des uns, le tissu social et urbains de certains autres et aussi l'environement. Se nourrir moins et mieux bénéficie à tout le monde. Vive les marchés aux primeurs, les fruits et légumes de saisons, les boulangers, patissiers et rôtisseurs, les épiciers, le manger mieux.

Réparer, recycler, échanger, revendre, offrir plutôt que jeter est une seconde action possible. Emmaus, Leboncoin, et tous les petits artisants et bricoleurs seront ravis. Il ne faut pas croire que cela va tuer le commerce, car la majoité des choses que l'on achète sont importées. Il faut à la fois freiner le consumérisme absurde basé sur le fait de jeter ou de se débarrasser de tout et n'importe quoi. D'un côté, cesser de rêver d'avoir trois voitures, une télé dans chaque chambre et changer de portable chaque année. Il faut réapprendre à faire durer, à réparer mais aussi à se débarrasser du trop plein de tout ce que l'on acccumule pour générer d'autres activités économiques et sociales. Sans se focaliser sur la rentabilité de ce que l'on fait sinon penser à l'environement, mais aussi aux besoins des moins aisés que nous. Cessons de jeter, cessons d'accumuler et partageons os richesses.

Enfin, je souhaiterais donner une troisième piste, celle des relations humaines, sociales et culturelles. Favorisons le réel, le vrai, le direct, le live, l'humain, le spectacle vivant, la poignée de main, l'embrassade, la carte postale, la lettre à la Poste, le bouquets de fleurs, les bonbons au chocolat. Allons au spectacle, au cinñema, au stade, dans la rue défiler, à la campagne se promener en compagnie de marcheurs, dans les chorales, dans les clubs associatifs, dans les centres culturels, chez le voisin, voir la grand-mêre, inviter la cousine à prendre le thé, les collègues à boire une bière...

Laissons un peu de côté la technologie qui nous asservie ou mettons-la au service de la rencontre réelle : un whatsapp pour se rencontrer, une foto sur facebook pour témoigner d'une rencontre. Recréer du lien, du vrai, du proche. Laissons la technologie de côté, sauf pour le lien avec le lointain. 

Et par là-même, cessons d'engraisser les géants du Net, tous gringos. Netflix, Google, Watsapp, Facebook, Instagram, Twitter... Créons nos propres outils européens et francais, pour ne plus dépendre de l'oncle Sam, et aussi pour l'empêcher de nous espionner sans vergogne.

La France, c'est l'art de la table, la culture de la table, du café, du pousse-café, du cigare avec l'Armagnac, des conversations sans fins entre la digestion et la sieste, entre l'apéro et le gueuleton, entre la poire et le fromage, entre chien et loup.

Disons "merde" à la malbouffe, au fastfood et aux pizzas qui sont des déculturations évidentes de nos racines franchouillardes construites sur le bien manger et le bien boire et sur la conversation critique et constructive.

Car il va nous en falloir des conversations et des discussions pour construire ce nouveau monde postpandémique.

A votre santé !