NON à HidroAysen
Le thème est grave. Il s’agit du futur énergétique du Chili.
Mais bien plus qu’une thématique scientifique, politique ou écologique, il s’agit d’une question éminemment humaine qui dépasse les frontières chiliennes.
La question est : comment continuer de développer nos sociétés humaines sans prendre le risque de la détruire dans le même temps ?
Le Chili fait partie de ces pays qui connaissent un développement et une croissance qui font rêver les piliers de la vieille Europe comme la France ou l’Allemagne. Mais le Chili ne possède pas suffisemment de richesse énergétique fossile (pétrole, charbon ou gaz) pour son propre développement et doit chercher des alternatives qui correspondent dans un même temps aux caractéristiques de notre époque actuelle, c’est à dire en se préoccupant de l’écologie, de l’image pays, du développement durable, etc.
Mais le Chili est un pays malade de son besoin d’énergie, en premier lieu parce que la production de sa principale source de richesse, le cuivre, est très gourmande en énergie (et je ne vais pas évoquer ici l’incroyable polution des sols et des eaux douces que génère l’activité minière dans le pays).
C’est pourquoi le Chili continue de construire et d’utiliser en 2011 bon nombre d’usines thermoélectriques extrêmenent poluantes, sans que les instances internationnales s’en émeuvent d’ailleurs alors que cela provoque des effets néfastes en termes de santé publiques aux populations voisines [il semblerait que le monde ait trop besoin de cuivre et du marché chilien].
En second lieu, le Chili est malade de son économie ultralibérale qui favorise le secteur privé, y compris sur des thèmes stratégiques nationaux qui devraient être exclusivement aux mains du secteur public : l’énergie, l’eau, l’éducation, la santé...
Ici, nous évoquerons seulement les deux premiers domaines, l’énergie et l’eau, parce que ce qui nous amène à réagir ces jours-ci, est la récente décision du gouvernement chilien d’autoriser la construction d’immenses barrages dans le sud de la Patagonie chilienne pour développer la production énergétique future : le projet HidroAysen
A première vue, on peut croire que c’est une bonne nouvelle, car on parle de barrage hydroélectrique, donc d’une énergie « propre » et peu coûteuse.
Mais à y regarder de plus près, on se rend compte de l’incroyable abherration d’un tel projet.
Tellement scandaleux que le président Sebastian Piñera prend le risque de perdre sur cette décision toute la crédibilité et l’image positive qu’il avait fait gagner au Chili avec le sauvetage de 33 mineurs coincés par 700 mètres de fond.
D’abord il faut parler de la localisation du projet, en pleine région Aysen, superbe, sauvage, naturelle et peu habitée, qui devrait être un sanctuaire de la Nature, une destination touristique, une carte postale vierge des désastres humains.
Seulement voilà, il s’y trouve un des fleuves les plus puissants, avec des chutes et des gorges idéales pour mettre des barrages. Peu importe donc les effets désastreux de noyer des vallées, de chasser quelques habitants isolés, de changer les paysages, de bétonner à qui mieux mieux puisqu’on a besoin d’énergie.
Mais au fait, pour qui l’énergie produite ?
Ah oui, principalement pour la capitale, Santiago, qui regroupe 30 % de la population du pays. Et cette capitale, Santiago du Chili, se trouve à 1500 kilomètres ? Peu importe de construire 1200 kilomètres de lignes à haute tension puisquon a besoin d’énergie.
Alors, effectivement, le bétonage de vallées entières plus la ligne à haute tension sur 1200 kilomètres, plus le sacage des paysages, ça fait cher la facture écologique, et ça ne colle plus trop avec la préoccupation écologique.
Oui, mais on abesoin d’énergie !
C’est vraiment vrai ça, d’ailleurs, le supposé besoin d’énergie ?
Car la privatisation de la cause énergétique au Chili permet de nous interroger sur la pertinence de ces besoins. Car on ne peut écarter l’hypothèse que le secteur privé en charge de l’énergie veuille vendre à l’Etat des projets non nécessairement indispensables.
Et c’est ce qui est en train de se passer puisque dans le cas qui nous préoccupe, l’Etat vient de lancer un appel d’offre pour que le secteur privé prenne en charge l’installation, la construction la production et la distribution d’énergie en plein milieu de cette carte postale.
Et pourquoi ?
Parce que ca fait plusieurs années que des entreprises énergétiques espagnoles et francaises se battent comme des chiffonniers pour s’installer au Chili, à coup de publications orientées, campagnes publicitaires mensongères, études scientifiques douteuses, lobbying insupportables.
Jusqu’au terrible accident nucléaire au Japon, résultant d’un fort tremblement de terre. Et une des répercussions de la catastrophe japonaise est que l’argument nucléaire en zone sismique est tombé à l’eau alors que la France essaie de vendre sa technologie nucléaire au Chili depuis plusieurs années, arguant de l’absence de risques.
Shame on France !
Du coup, ça ouvre en grand les perspectives de barrages dans le sud Shame on Spain !
Oui mais on vous dit et on vous répète qu’on a besoin d’énergie !
Encore ?
Bon alors, pourquoi ne pas favoriser le développement de l’énergie solaire et de l’énergie éolique ?
Le Chili a des caractéristiques idéales pour le solaire et l’éolique qui sont en plus des énergies parfaitement adaptées à la répartitition géographique de la population dans le pays.
La population chilienne est concentrée dans ses quelques villes séparées par des zones quasi-désertiques et le tiers de sa population se concentre dans la capitale.
Il faut donc des sources énergétiques proches des habitants, donc non dangeuses et non poluantes, excluant de fait le thermoélectrique et le nucléaire.
Et le soleil est puissant ici, tout comme le vent.
Quand à l’hydroélectrique, il faut certes également le développer, mais dans des proportions bein plus raisonnables et seulement quand les capcités hydroliques se trouvent proches des zones d’habitations.
Seulement voilà, il semble que les lobbyistes du projets HidroAysen soient plus forts que les exploitants de l’énergie solaire ou éoliques.
Nous, nous disons NON à HidroAysen.
Car c’est aussi un projet qui perpétue la privatisation de l’eau, horrible situation chilienne que celle de la privatisation de son eau. Alors que le Chili possède les plus grandes réserves d’eau douce de la planète, elle s’apprête à la laisser dans les mains du secteur privé qui ne sera même pas chilien ?
Décidément, Sebastian Piñera ne mesure pas l’énorme erreur qu’il est train de comettre.
Il peut argumenter que le Chili tomberait dans l’obscurité (et ferait le lit de la délinquence), il peut argumenter que le projet commenca avec les gouvernement antérieurs, il peut essayer de défendre avec tous les arguments qu’il souhaite, il est dans une impasse.
Le projet a trop de défaut :
- il est démesuré,
- il est trop éloigné des besoins (1200 kilomètres de perditions),
- il est incohérent avec la réalityé chilienne qui a besoin de développer son solaire et son éolique,
- il ne répond pas aux besoins réels (données erronnés provenant d’un secteur privé avide de faire de l’argent),
- il ne répond pas aux besoins locaux (il n’y a presque personne en Aysen qui a plutôt besoin du développement touristique,
- il représente une immense catastrophe écologique,
- il donne une très mauvaise image du Chili,
- il va coûté beaucoup plus cher que nécéssaire
- il est très hypocrite dans un Mème temps de voter HidroAysen et, dans le même temps, d’accepter que soient proposées et construites des usines thermoélectriques.
Nous disons donc NON à HidroAysen.