Eternité
De plus en plus de personnes, mais également d'institutions, s'inquiètent de la pérénité des données mises sur Internet.
Il semble, encore une fois, que trop de liberté tue la liberté.
Autant il est devenu très facile et très rapide -et quasi cultrel hélas désormais- de mettre en ligne des textes, des images, des photos, des bouts de films, autant il semble devenu quasi impossible de les retirer ensuite.
Et cela peut de gens s'en soucient et peu de gens le savent ou simplement se l'imagine.
Derrière chaque porte, du réel !
Dans la mesure ou la très grande majorité des plateformes et autres providers sont avant tout des bizness, à l'instar des compagnies de téléphones ou autres services d'abonnement, il est toujours très simple d'y souscrire et toujours compliqué et cher de s'en désinscrire.
Faut-il s'en inquiéter ?
Soyons clair, mettre aujourd'hui une photo sur Internet, c'est l'offrir au monde en millions d'exemplaires, dont c'est impossobile ensuite de la retirer définitivement des réseaux. D'autant que les plateforme de réseaux sociaux font leurs richesses en archivant, accumulant et revendant tout ce que leurs membres mettent en ligne.
Quand ce qui est mis en ligne n'est rien de privé ou personnel et qu'il n'engage personne, tout va bien. Mais dès lors que cela touche à la vie privée, à l'intime, à autrui sans son consentement, à un secret professionnel, à un jugement erroné, etc... Cela prend une autre tournure, car Internet, derrière cette virtualitñe qui fait croire que rien n'existe, que rien n'est dangereux et que tout est mensonge, est une nouvelle et inédite forme d'éternité.
Certains le savent déjà et laisse sur Ineternet leurs traces créatrices en gage d'éternité avec l'espoir infime de devenir célèbre ou du moins de ne jamais vraiment mourir ou disparaître.
D'autres utilisent déjà Internet pour abreuver leur soif de vengeance en divulgant le pire ou en calomniant le meilleur.
Et la photo de votre petite amie en sous-vêtements mise en ligne pour rendre jaloux vos copains de fac sera à jamais source de fantasmes de milliers d'autres utilisateurs du web à des milliers de kilomètres.
Une île avec wi-fi ou sans wi-fi ?
Mais, pour moi, le problème le plus profond, et sans doute le plus délicat à expliquer, est celui qui traite de l'oubli.
L'Homme a besoin d'oublier, il ne peut accumuler les souvenirs entier d'une simple vie. On oublie pour se libérer, pour aller de l'avant, pour ne pas sombrer dans la mélancolie (la vraie) ou dans le remord.
L'Homme a besoin d'oublier pour cesser de pleurer ses tristesses, ses peines et ses regrets.
Or, Internet aujourd'hui, n'oublie rien et ne veut rien oublier.
Votre petite amie est partie avec le prof de math, mais elle demeurera en sous-vêtements pour vos 456 "amis" de facebook.
Vous avez gagné enfin votre premier prix littéraire, mais cette poésie de merde de vos 18 ans est retrouvé par un journaliste de Marianne.
Vous avez refait votre vie après avoir passé 10 ans en taule pour bracage, mais un détective d'opérette vous retrouve sur une vieux blog raciste et rediffuse les articles de presse sur le site de votre commune.
Vous êtes injustement soupconné de détournement de fonds et vous ne parvenz pas à supprimer les 540 263 twitts et autres minimessages à ce sujet.
Vous avez un homonyme serial killer et vous ne trouvez pas de travail parce que Google est devenu le premier agent de recrutement au monde.
Alors, qu'allez-vous mettre en ligne demain, pour dormir tranquille ?