Dialogue océanique
Ce que je trouve agréable en cette bonne vieille ville de Valparaiso,
c’est que la plage n’est jamais trop loin, un peu comme à San Francisco,
sa grande soeur yankee.
Il y a quelques jours, je me suis rendu à la plage. Vamos a la playa !
Mon rapport à la mer ou à l’océan a toujours eu quelque choses de particulier, d'intime, d'impalpable mais de fort.
Plus jeune, je pouvais rester immobile et silencieux des heures à dialoguer avec l’océan Atlantique sur les plages des Landes et du Pays Basque.
Plus tard, j’appris à apprécier les plages normandes, mais me retrouver face à l’immensité maritime me procurait toujours une sorte de quiétude,
je communie avec l’élément vaste et salé, j'y parle, j'y respire, j'y pleure.
Puis, j’ai fini par le traverser en cargo ce foutu océan Atlantique que je ne cessais d’observer depuis les Landes, la Normandie, la côte Cantabrique ou la côte portugaise. Je lui passais sur le dos, dans un sillon profond et métallique du nom de Cap Blanco.
Et Panama signait le divorce, je changeais d'océan.
Depuis, je le regarde cet autre océan, le Pacifique, l’immense, le majestueux, l’indomptable et il me fascine autant et parle avec moi le même langage que l'Atlantique, langage universel des imensités salée que les marins connaissent sans doute encore mieux que l'apprenti moussaillon que je suis.
Mais, mon attitude face à la mer reste la même.
Je m’approche, je la regarde déverser sans discontinuer des vagues sur le bord, je l’écoute me bercer, je regarde ses milliers de couleurs qui alternent avec la lumière que le soleil lui offre, avec le jeu des nuages,
le jeu des ombres et des reflets.
Je suis donc allé à la plage de Portales…
Il y avait beaucoup de cerfs-volants parce que c’est la saison des volentin ici durant le printemps et les fiestas patrias. Il y avaient quelques familles, quelques jeunes couples, des chiens, des mouettes, des pélicans..
Et il y avait un voyageur fatigué…
Clic pour compter les moutons ?
Je l’ai longuement regardé, cet océan, et il m’a hypnotisé.
Soudain, je m’inclinai, le sable se fit confortable, les cris des enfants disparurent sous le bruissement des vagues, j’embarquai sur le cargo des rêves.
Le monde des songes légèrement iodé est propice aux rêves les plus fous, j’étais capitaine au long cour transportant sur mon hauturier depuis Hambourg des tonneaux de vin blanc allemand.
Et puis, je m’extirpai de ma sieste ensablée et le soleil partait au loin
pour commencer de disparaître de l'autre côté du monde.
Depuis la plage de Portales, on dispose d'une vue splendide sur l’autre flanc de Valparaiso, celui où je réside.
On distingue une pointe comme si la ville allait transpercer l’océan.
Et le soleil joua avec les nuages pour illuminer le port.
Clic pour du beau ?
Il était temps pour moi de rentrer, sous overdose iodée, l’air frais et marin dans les poumons, le son caressant des vagues en échos, les longs monologues océaniques attentivement recus, du sable dans les cheveux
et des idées de voyage plein la tête.