Le mensonge des couleurs
Bon, d'accord, je vous avais fait un texte sur les couleurs du mensonge...
Et puis je me suis rendu compte, en me relisant un peu, que toutes ces cartes postales que je vous écrivais sur Valparaiso, même quand je voulais vous brosser un portait par trop idyllique, restaient chaque fois attrayantes, mystérieuses, belles ou presque.
Ces couleurs sur les maisons, sur les coques des bateaux qui s’en vont et s’en viennent sans cesse du port, les couleurs des containers stockés sur les dock, des fresques peintes sur les murs…
Et puis, encore plus ces jours-ci avec cette fin d’hiver qui ressemble déjà à un printemps et qui redonne le moral dès que le soleil frappe les murs fraîchement repeints de certains bâtiments de la perle du pacifique.
Clic pour un peu plus de bleu mister Klein ?
Mensonge ! "Mentira", comme ils disent ici.
Il faudra bien que je me décide sérieusement à égratigner vraiment la ville de Valparaiso, à la critiquer, à vous raconter ses défauts, ses turpitudes, ses grimaces, ses perversités...
Mais il faudra que je parvienne à le faire sans vous faire rêver, sans enjoliver la chose, sans poétiser le discours ni la prose.
Il est toujours difficile de critiquer l’être aimé, il en va de même pour les choses, les objets, les films, les livres ou les villes.
J’avais songé participer au petit amusement de Bière B. sur son site en lui proposant le Guide du Nullard pour Valparaiso… et puis, comme un acte manqué, j’ai effacé mon texte.
Il me sera facile, dans un premier temps d’estomper les couleurs, de désacraliser le mythe d’une ville colorée enchanteresse, de dire que ces couleurs sont belles de loin, mais que comme pour l’arc-en-ciel, quand on s’en approche, les couleurs s’estompent jusqu’à disparaître.
Valparaiso, ville kaléidoscope, se ternie dès que l’on s’approche, les peintures se craquellent, s’effacent, ternissent, disparaissent. Les fresques murales partent avec la pluie et ne sont jamais entretenues, fanant avec le temps.
Les bateaux sont rouillés, à l’instar des containers et des plaques métalliques qui recouvrent la plupart des maisons.
Clic pour noircir le tableau ?
Finalement, parfois (souvent ?), Valparaiso n’est que grisaille.
Parce que le manque d’argent (la ville est surendettée), la situation précaire de la population et la dimension éphémère des choses humaines dans une ville détruite par le feu et les tremblements de terre, font que rien n’est parfait ici, les couleurs non plus !