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Invitation au voyage

Chili con carnet - 1

21 Janvier 2006 , Rédigé par Bertrand Publié dans #Chili con carnet

Vu du Chili, le rappel du président Chirac sur la politique de dissuasion nucléaire de la France semble bien étrange. Le Chili fait partie de ces rares pays, à l’instar de l’Allemagne dans notre vieille Europe, qui ne possèdent pas l’arme nucléaire non pour des raisons technologiques, scientifiques ou économiques, mais pour des raisons politiques.
Le Chili n’a pas besoin de l’arme nucléaire et l’on pourrait se poser la question pour tous les pays du monde : quel pays a besoin de l’arme nucléaire ? Pour revenir à notre exemple de l’Allemagne, ce pays bénéficie de la protection (y compris nucléaire) de la France ou des USA. La France, selon Chirac a plus que jamais besoin du nucléaire et entend bien rappeler que si elle l’a, ce n’est pas pour amuser la galerie mais bien pour s’en servir en cas de besoin. Disant cela, Chirac ne fait que rappeler, pour pas cher, ce qu’est la dissuasion. En effet, disposer de l’arme nucléaire et dire que l’on ne s’en servira pas ne sert à rien.
Notre arme nucléaire nous permet, à nous Français, de dire merde (mais modérément) aux Américains, de donner des leçons de politique et de diplomatie à d’autres pays, de revendiquer une liberté de ton, d’action et de dissuasion… bref, d’assumer notre grande gueule et notre arrogance. Elle nous permet aussi de conserver notre siège au conseil de sécurité de l’ONU. 
Cependant, la question internationale de fond reste la même : de quel droit et selon quels critères accepte-t-on au niveau international ou refuse-t-on à tel ou tel pays de se doter de l’arme nucléaire ? Certes, il y a eu des traités et des accords internationaux, mais quel pays peut changer d’avis ?
Si demain, la nouvelle coqueluche chilienne, la Presidenta Bachelet décidait de doter son pays de l’arme nucléaire, on peut parier que la France et les Etats-Unis ne seraient pas les derniers pour proposer leur aide technologique (moyennant finance bien sûr). Mais ce même Chili qui a connu la dictature, pourrait y retourner un jour, aucun processus démocratique n’est irréversible. Un nouveau Pinochet pourrait développer demain une arme nucléaire et l’on pourrait imaginer la "difficile médiation" politique des USA.
En revanche, quand il s’agit de l’Iran... Mais, dire « non » à l’Iran, c’est un peu lui manquer de respect et radicaliser un peu plus des relations internationales pilotées à distance par des Etats-Unis (seul pays à avoir utiliser la bombe atomique) et les pays européens technologiquement supérieurs (les seuls à disposer du potentiel d’aide technologique dans ce secteur, militaire ou civil) ; la Russie et la Chine opérant un silence assourdissant.
Il y a donc bien un nucléaire à deux vitesses. Et Chirac entend bien rappeler que la France se situe dans le peloton de tête. La France, ce nain démographique qui vit de ses souvenirs glorieux, de ses échos prestigieux de la période colonialiste (dont les zones Pacifique, après le désert algérien, lui permirent, au mépris de l’écologie et de la santé des autochtones, de tester les bombes nucléaires in vivo), la France, d’après Chirac, respire aussi grâce au nucléaire. Mais la France respire de plus en plus mal, car la France a peur, puisque le nucléaire ne protège pas du terrorisme (demandez aux Américains et aux Anglais), ni du chômage, ni de la détérioration sociale, économique et politique intérieure.
Alors, Monsieur Chirac, s’il ne nous reste que le nucléaire et nos yeux pour pleurer d’avoir tout perdu, à quoi nous servirons nos bombes ?
Malgré tout cela, la France, vu du Chili, demeure encore un beau pays. Mais, jusqu’à quand ? 

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P
Au sujet de ce "com' -back" sur la dissuasion,  je pense plutôt à des considérations de politique intérieure. A force de se faire bouffer par Nicolas Sarkozy (c'est connu ), mais aussi par Dominique de Villepin ( ça , c'est nouveau mais tout aussi en vogue) , Jacques Chirac a répété bien fort que, jusqu'en 2007, c'est bien lui qui avait  le joystick de la super nitendo nucléaire (le bouton c'est démodé) ! Il existe comme il peut...<br />  
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