Carreterra Austral (et rectificatif)

Depuis quatre jours sur la mythique Carreterra Autral, après avoir traversé en bateau (encore du bateau ?) de Quellon au sud de l'Ile de Chiloé jusqu'à Chaiten (première ville de la Carreterra Autral), une traversée superbe, par beau temps et un superbe arc en ciel à l'arrivée pour nous accueillir.
La Carreterra Autral, c'est comme la 101 ou la 66 aux USA, ou la route de la soie, c'est d'abord un nom... Et aussi une idée folle (de Pinochet ?), tracer et construire une route à travers les montagnes, les forêts, les lacs, les fjords, et les innombrables îles, pour relier des villes qui ont d'abord toutes été des ports... Un pari fou et audacieux dont on mesure à peine encore aujourd'hui les résultats... Les travaux se poursuivent, à la dynamite, au courage, avec lenteur mais assurance... Pour le moment, 1100 kilomètres sont tracés et seulement une centaine en asphalte, le reste est constitué d'une piste caillouteuse, riche en nids de poule, en vues impressionnantes, en paysages superbes... magnifiques et incroyables. Et tous les 50km, les paysages changent...
Chaiten, ville du bout, ne ressemble à rien, une ville de nulle part où l'on accède surtout en bateau...
Puis, on pénètre une forêt dense, humide, épaisse, sombre et escarpée, la rain-forest, et pour cause, il pleut des trombes, il pleut à seau, comme vache qui pisse... On comprends alors l'exubérance des cascades, la largesse des lacs, la taille des fjords.
Mais, 300 kilomètres plus loin, la forêt a été dévastée, les montagnes sont moins verticales et les paysages ressemblent davantage au Pays basque, et les gens ressemblent donc à des Basques, parce que beaucoup descendent d'immigrants de l'Euskadi. Alors, pas étonnant de voir des visages anguleux arborant des bérets !!! Et en plus, ici, on pêche la truite, comme du côté de Saint Jean Pied de Port.
Mais, le plus symbolique ici, ce sont les arbres. Les premiers colons, pour faire des pâturages ou des lieux de constructions où s'établir, face à une forêt ancestrale, épaisse, inextricable, ne pouvaient que la brûler. Aujourd'hui encore, plus de 50 ans après, on en voit les stigmates, des troncs hauts et gris, vestiges du massacre, comme des totems dénonçant le génocide, des doigts montrant le ciel et prédisant la colère divine. Autant de statues naturelles, de sculpture de la douleur, d'ombres mystérieuses poussant des cris  d'un silence assourdissant... Ces troncs, apparaissent sur des centaines de kilomètres, au milieu des champs, des pentes rocheuses, des forêts trop jeunes qui leur arrivent aux genoux... [C'est beau.. mais c'est faux !!!!! En fait, les colons ont bien détruit toute la forêt sur des hectares et des hectares, mais dans ce cas, les quelques arbres qui restent morts pour témoigner du génocide, sont couchés et épars.... Là où les arbres morts sont restés debouts, c'est là où le volcan Hudson a déposé ses cendres en 1991 après une terrible éruption qui a créé un terrible désastre écologique... Pardon pour cette approximation... l'élan poétique l'a alors emporté sur la précision journalistique.]
Mais, au sein des forêts, on peut aussi apercevoir d'autres majestueux arbres tombés de vieillesse ou d'humidité... Comme des baleines échouées, tant les forêts sont humides, ils racontent la vie ici, d'avant les hommes venus de loin pour tenter de vivre, ici, dans ces superbes paysages, loin du monde, loin, si loin...
Aujourd'hui, à Coyhaique, après une nuit à Chaiten et deux nuits à Puyuhuapi... Regardez sur un atlas, vous verrez comme je suis au sud, vers les 42 ou 43 degrés de latitude... Qui dit mieux ?
Prochaine destination, Puerto Bertrand !!!!!! Si si, véridique... Vous ne pouvez pas vous tromper, c'est au bord du Lago Bertrand, un magnifique lac où je vais peut-être taquiner la truite.

Comments

[tantine]

demande a la niece yankee la traduction en bearnais stp byebye

[la yankee de cousine]

sounds amazing ....

enjoy !

bye

[bearnaise]

pecheur de truite ,avec beret ,sur des traits anguleux ! c'est un cousin sur ,sur seguro ; vite, demande lui son nom !

[Pierre]

Je te suis à la trace. A peine poster ton article nouveau est annoncé sur mon micro.
Je rêv avec sur cette route que je n'ai pas pu prendre en mars. Les bus ne s'y aventuraient plus, l'hiver était trop proche. Bye mon vieux Bertrand