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Invitation au voyage

Picaflor dans le pitosporum

6 Juillet 2020 , Rédigé par Bertrand Publié dans #Le voyage de Beltran, #Les mots des autres

Ha ha ha, voilà un titre bien intriguant pour ceux qui ne connaissent ni le Chili ni la langue de Pablo Neruda. Mais, je ne me lasserai pas de répéter que l'apprentissage d'une autre langue, d'une autre culture et d'un autre vocabulaire, -ce métissage constant- est la clé de voûte d'un rapprochement entre les groupes humains pour qu'ils se connaissent mieux et qu'ils cessent de se faire la guerre, guerre culturelle, économique ou sanglante.

Donc, donc, enfin bref, émigré au Chili depuis environ quinze ans, j'ai acquis d'autres connaissances, j'ai dû assimiler beaucoup de choses. Ce qui m'a aussi obligé à vider les vieux disques durs de ma mémoire de ma vie passée. Mais l'Homme a besoin d'oublier pour survivre, vaincre ses peurs et ne pas devenir fou. Donc j'ai beaucoup oublié pour apprendre davantage et devenir un autre.

Multiculturalisme, métissage, enrichissement

Multiculturalisme, métissage, enrichissement

J'ai appris que l'on peut cuisiner le poisson et les fruits de mer avec le fromage, et la viande avec le poisson, et manger de l'avocat sur une tartine de pain.

J'ai appris à relativiser l'importance ou la gravité de petits détails de la vie, comme arriver en retard à une réunion, ou arriver les mains vides à une invitation, à serrer la main à tout le monde et à faire l'accolade aux autres, et une bise, une seule aux dames et jeunes filles.

J'ai dû apprendre à prononcer les double R, à mettre des accents toniques pour me faire comprendre et lutter contre les faux amis que possèdent toutes les langues.

J'ai aussi accepté les préjugés sur les Francais qui ne se lavent pas, qui donnent la lecon sur tout et à tout le monde, qui sont arrogants, qui sentent l'oignon ou l'ail, qui ne savent rien au football et parlent toujours trop et en plus avec un mauvais accent.

J'ai aussi appris que l'on peut sourire dans la misère, que l'on peut faire la fête dans la tragédie, que l'on peut danser sans le sou et chanter même saoul. J'ai appris que tout pouvait être détruit demain et qu'il faudrait reconstruire.

Paysage patagonique

Paysage patagonique

Et j'ai découvert una autre faune et une autre flore, une autre organisation des paysage et une autre échelle des paysages.  J'ai dû me familiariser avec les distances d'un pays long de 4000 kms, avec une capitale de 8 millions d'habitants et des déserts à perte de vue, que jalônnent des centaines de volcans, quelques glaciers et beaucoup de lacs.

Et donc le picaflor du titre est notre colibri, mais en plus gros, environ 10 centimètres. Et le pitosporum est un arbre bien présent à Valparaiso pour l'ornementation des rues, car il est à feuilles persistantes, reste vert toute l'année et quand il fleuri il dégage une odeur de miel fantastique.

Et donc, de certaines fenêtres de ma maison à Valparaiso, tous les jours, je peux observer un ou deux colibris picorer le nectar du pitosporum centenaire de mon jardin, et c'est un spectacle que je ne me lasse pas de regarder, car cet oiseau minuscule au bec fin et pointu reste en vol stationnaire lorsqu'il suce le nectar, en un battement d'ailes quasi invisible tant il est rapide. C'est tout simplement beau.

Ceci n'est pas un pitosporum !

Ceci n'est pas un pitosporum !

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