A poil !

18 Septembre 2007 , Rédigé par Bertrand Publié dans #Sarkolandia

Je voulais intituler dans un premier temps le texte du jour "la comtesse aux pieds nus".
Je vous avais fait part en effet, il y a quelques jours, de mes déboires pédicures à constater que trop de temps dans les latitudes patagones m'avait enflé les pieds à défaut des chevilles ou de la tête.
Et puis, j'avais finalement trouvé chaussure à mon pied, sans toutefois comprendre et même halluciner en permanence devant les prix pratiqués à Paris pour une paire de chaussures en cuir de qualité.
J'ai fini par acquérir une paire de tout terrain dans un magasin "Va sport" et à peine sorti, au mépris de l'interdiction de s'assoir sur les marches du Forum des Halles, je me déchaussais, retirant mes ruines de cuir fatiguées d'avoir fait plusieurs fois le tour du monde et chaussais les neuves.
Triste de clôre une complicité si longue, je fis un dernier cliché, comme un adieu nostalgique mais humain (vu leur gueule ouverte, outre qu'elles avaient faim, il ne leur manquait que la parole).

Et voilà comment l'idée de la Comtesse surgit.
D'autant que le lendemain, je tombais par hasard sur une scène
de la vie parisienne bien triste : une paire de bottes lachement abandonnée !

Et cette paire était, elle, une ancienne paire d'une Comtesse, voire même d'une princesse, de celles qui continuent, même aujourd'hui en septembre 2007, de tapiner rue Saint Denis, alors que les lois, les intimidations policières et politiques et le prix du mètre carré à Paris auraient pu les chasser...
Alors, je songeais depuis quelques jours à mon texte, à ces deux photos qui se retrouveraient ensemble sur ce blog alors que leurs histoires sont si différentes...
Je songeais à faire part de mon triste étonnement de la présence éternelle de ces protituées, à le rapprocher de ces longues conversations à bord du Cap Blanco, avec ces officiers forcément abstinents et ataviquement consommateurs de prostituées portuaires comme d'autres sont électeurs au FN...
Je songeais à une métaphore entre la Comtesse et la France, toujours belle et forte, mais pieds-nu dans un monde qui ne lui va plus aussi bien qu'avant, du temps où les idées des lumières, la Révolution et les Colonies lui permettait de briller dans toutes les cours du monde sans honte ni vergogne.
Et puis je suis tombé par hasard sur la diffusion en direct du discours de notre Président devant le Sénat...
Cela acheva net mes rêveries et mes songes.
Ce n'est pas pieds-nus que la France semble vouloir désormais déambuler dans le monde, c'est à poil !
Je suis tellement aterré, subjugué, suffoqué par tant de contradictions, de haine, de mauvaise foi et de populisme dans son discours présentant les orientations de sa politique économique et sociale,
que je me sens inutile et incapable d'argumenter pour prévenir du danger et de la folie qui nous guettent.
Prévenir, d'ailleurs, semble le maître mot que notre Président semble défitivement proscrire ou honnir.
Et puis prévenir de quoi ?
Dans l'art, la représentation de la nudité, dit-on, est le passage obligé du classicisme pour parvenir au summum de la beauté.
Mais foutre à poil un pays, c'est de la perversion ou du sadisme.
Les Francais ont eu un été pourri,
il me semble qu'ils n'ont pas fini d'avoir froid.
Cours, cours Comtesse... et fais gaffe à tes fesses !

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